Avec sa nouvelle édition des Atlas régionaux, le Conseil national de l’Ordre des médecins crée un outil de repérage des territoires en tension.

Quatrième édition des Atlas régionaux

Le Conseil national de l’Ordre des Médecins présente aujourd’hui sa quatrième édition des Atlas régionaux de la démographie Médicale. Parce que la démographie médicale nécessite une approche objectivée au plus près des territoires, l’Ordre propose une nouvelle approche d’analyse permettant une lecture fine et évolutive des effectifs médicaux en fonction des besoins des territoires. Ce support statistique a pour vocation d’aider les ARS et les Ordres à travailler en étroite collaboration afin de déterminer des territoires potentiellement en danger.

Déclinaison de l’Atlas national publié en juin dernier, ces Atlas, réalisés à partir des chiffres du tableau de l’Ordre au 1er janvier 2015 analysent l’ensemble des données à l’échelon des 23 régions actuelles. Ils permettent de recenser la démographie médicale au niveau régional, départemental, et jusqu’au bassin de vie, et d’anticiper ainsi les éventuels besoins.

Parce que l’analyse des données fait apparaître de fortes disparités entre les territoires, l’Ordre propose, pour la première fois dans les Atlas Régionaux, de nouveaux critères permettant de corréler la population des médecins (densité pour 10 000 habitants et variation des effectifs des médecins sur la période 2007/2015) à la structure de la population générale, en s’appuyant sur plusieurs indicateurs sociodémographiques (variation de la population générale, âge moyen, catégories socio-professionnelles, etc.)

Cette nouvelle classification permet d’identifier des bassins de vie en grande tension dans des régions, voire des départements, apparemment sans problèmes. A titre d’exemple, si la région Midi-Pyrénées dispose d’une démographie médicale satisfaisante (densité forte), l’analyse du CNOM fait apparaître de très grosses difficultés en matière d’accès aux soins de premier recours sur le territoire du Grand Toulouse puisque le nombre de médecins généralistes diminue de -7.6%, sur la période 2007/2015, alors que la population générale augmente de 5.4%.

Par cette approche multicritères, l’Ordre souhaite contribuer aux réflexions sur l’évolution de l’offre médicale, et plus particulièrement sur l’accessibilité aux soins de premier recours en tous points du territoire. Ces Atlas sont donc des supports précieux pour les Conseils départementaux et régionaux de l’Ordre leur permettant de collaborer efficacement avec les ARS et de repérer de façon précise les territoires potentiellement en danger.

Les enseignements principaux des Atlas régionaux

D’un point de vue plus global, cette nouvelle édition confirme la tendance des travaux précédents, notamment en ce qui concerne l’augmentation du nombre de médecins retraités et la féminisation des jeunes générations de moins de 40 ans, avec des disparités fortes entre les régions. On relève par ailleurs des données encourageantes : le taux d’installation en libéral après 5 ans d’inscription à l’Ordre se maintient autour de 40-45 %, et les installations en ophtalmologie et psychiatrie, spécialités en souffrance, connaissent une augmentation significative.

Dans le détail :

  • Si la France n’a jamais dénombré autant de médecins, une part importante d’entre eux est aujourd’hui retraitée. A titre d’exemple, l’Aquitaine, l’Ile de France et PACA comptent plus d’un quart de retraités, ils ne sont en revanche que 18.8% en Franche Comté.
  • La population médicale est vieillissante, notamment en Corse, dans la région Centre et en Ile de France (respectivement 32.5, 28.7 et 29.5% de plus de 60 ans) ; néanmoins dans le Nord-Pas de Calais, dans les Pays de la Loire et en Bretagne, les flux de médecins entrants couvrent les flux de médecins sortants.
  • La féminisation des jeunes générations de médecins impacte la démographie médicale régionale de façon contrastée : certaines régions, y compris parmi les plus rurales comme la Franche-Comté, se féminisent plus vite. La part des femmes chez les médecins de moins de 45 ans est également importante (plus de 60%) en Ile de France, Midi-Pyrénées, Rhône-Alpes, Pays de la Loire-Bretagne. Par ailleurs, on dénote une arrivée massive de femmes en médecine générale libérale mixte, y compris en zones rurales : si la moyenne nationale est de 60.2% de femmes, la région Midi-Pyrénées en compte 70.2% (et 83.3% en Aveyron), Franche Comté 69.6%, et la Corse seulement 36.4%.
  • Si le nombre de médecins en activité régulière (non retraités et non remplaçants) baisse sur l’ensemble du territoire, et de manière préoccupante dans certaines régions comme la Bourgogne et l’Ile de France, certains départements, notamment ceux qui comptent un CHU, voient leur nombre de médecins augmenter (Ille et Vilaine, Indre et Loire, par exemple).

Atlas 2015 de la région Ile-de-France

Atlas régionaux

Le nombre des médecins généralistes et spécialistes en activité régulière à l’échelle départementale du Val-d’Oise – l’attendu